Comment faire une couche chaude?
Pour cultiver toute l’année, et notamment au début du printemps, il y a parfois des défis à relever. La culture des légumes primeurs en est un. Comment, alors que les températures sont encore négatives, est-il possible de faire pousser des légumes au jardin ? Pour se passer de moyen de chauffage, il faut se tourner vers les alternatives économes en énergie. La couche chaude en est une. Explications.
Qu’est-ce qu’une couche chaude ?
Une couche chaude est la mise en place de fumier frais en tas pour activer sa fermentation. Le plus souvent, le fumier utilisé est du fumier de vache ou du crottin de cheval mais d’autres matériaux font aussi l’affaire. Une fine couche de terreau recouvre le tas de fumier et permet de semer ou planter sur la couche chaude. Si vous n’avez pas tant de terreau (et que vous ne voulez pas épuiser les tourbières…), vous pouvez utiliser un compost bien décomposé voire de la terre de votre jardin. Dans le dernier cas, il faudra désherber régulièrement les adventices ou réaliser un faux semis.
En fermentant, le fumier va chauffer et dégager cette chaleur pour permettre aux végétaux de pousser dans de meilleures conditions. Pour bénéficier de ses effets, les plantes doivent donc être au plus proche du fumier.
Il peut être parfois difficile de trouver la matière première car il faut une bonne quantité de fumier pour que la fermentation soit efficace et dégage de la chaleur. Rapprochez-vous des agriculteurs ou des propriétaires de chevaux ou d’ânes car ils sont parfois encombrés par tout ce fumier et n’ont pas la place de le stocker.
En général on « coiffe » la couche chaude d’une fermeture de verre ou de plexiglas pour créer un châssis. L’idée est de conserver au maximum la chaleur émise par le fumier pour qu’elle bénéficie aux plantes (on ne chauffe pas l’extérieur…). N’hésitez pas à récupérer de vieux vitrages, c’est idéal et ça leur donne une seconde vie.
Quand créer une couche chaude ?
Il est possible de créer une couche chaude tout au long de l’année tant que le fumier est disponible. Mais dans la pratique, la réalisation de couches chaudes intervient entre janvier et mars, lorsque les températures sont encore fraîches. Ça tombe bien, c’est à cette période qu’on commence à avoir envie de manger des légumes frais en remplacement des légumes de conservation consommés tout l’hiver.
Dans mon jardin, je crée mes couches chaudes fin février car les risques de gels sont importants jusqu’à la mi-mai. Il serait risqué de démarrer plus tôt car la couche chaude aurait terminé de chauffer avant la fin des gelées les plus importantes.
Pourquoi créer une couche chaude ?
On distingue en général 2 utilisations de couches chaudes : la culture de légumes primeurs et la production de plants. Dans les 2 cas le principe est le même, ce ne sont que les objectifs et donc le timing qui sont différents.
Culture de légumes primeurs
Si la couche chaude est créée dans le but de hâter la culture de légumes primeurs, l’objectif est de la préparer environ 1-2 mois avant de pouvoir commencer les récoltes. Pour des 1ères récoltes début avril (de radis), mettez-la en place fin février-début mars au plus tard. Découvrez ici comment faire des légumes primeurs.
Grâce à votre couche chaude, vous pourrez déguster radis, navets, carottes, salades, choux raves, verdures asiatiques et plein d’autres légumes primeurs avant tout le monde.
Production de plants
Si vous n’avez pas assez de place dans un lieu chauffé et bien éclairé pour cultiver vos plants, la couche chaude est une bonne solution alternative. Au lieu de semer vos légumes primeurs, vous pourrez poser vos plaques de culture sur la couche chaude pour leur faire profiter de la chaleur dégagée. C’est une solution utilisée notamment pour les légumes d’été nécessitant de la chaleur pour lever, comme les semis de tomates, de poivrons et d’aubergines.
Je n’utilise pas la couche chaude dans cette optique car j’ai assez de place chez moi pour la production de mes plants. Mais c’est une bonne solution en cas de manque de place, même si elle demande beaucoup plus de vigilance.
Astuce : Des légumes primeurs… mais pas que
En plus de permettre de hâter les cultures au printemps, la couche chaude permet de cultiver des légumes d’été gourmands en matières organiques tels que melon, poireau, poivrons, tomates, courges, courgettes… Vous pourrez enchaîner les cultures pour rentabiliser l’espace et la fertilisation.
Dans ce cas, vous pouvez replanter vos légumes d’été avant la fin des récoltes des primeurs pour optimiser la zone de culture. Vous pouvez par exemple planter des tomates de façon anticipée.
Comment créer une couche chaude : pas à pas
Avant de démarrer la mise en place, il faut définir si vous allez enterrer la couche chaude ou non. Si c’est le cas, commencez par creuser un trou de 60 à 80cm de profondeur. A ce stade je dois vous avouer que je n’enterre pas mes couches chaudes, c’est trop de travail… ☺.
Si vous ne souhaitez pas enterrer votre couche chaude, vous pouvez créer un caisson (ou châssis) de 80 à 100 cm de haut en bois, ou avec ce que vous avez sous la main (parpaings, bottes de pailles…).
Respectez ensuite les étapes suivantes, que la couche chaude soit enterrée ou non :
- Paillez le tour du châssis, il pourra agir comme isolant.
- Disposez 40-60 cm de fumier frais bien pailleux. Ajoutez de la paille si le fumier n’est pas pailleux.
- Tassez bien le fumier
- Arrosez copieusement le fumier tassé mais sans le gorger d’eau non plus
- Disposez 10cm d’épaisseur de terreau/compost/terre suivant ce que vous avez
- Refermez le châssis avec du plexiglas, une vitre ou tout matériau transparent que vous aurez pu récupérer
Une fois ces étapes effectuées, il faudra attendre 8-10 jours car le fumier va monter très haut en température (trop haut pour nos pauvres légumes) les premiers jours. Une fois passé le « coup de feu », qui peut aller jusqu’à 80°C au cœur du tas, la température va redescendre. Attendez qu’elle soit à 25°C pour commencer à planter. Vous pourrez bénéficier de la chaleur pendant 1-2 mois.
Astuce : quelles dimensions
Pour savoir de quelle dimension je dois faire mon châssis, je regarde quelle taille de vitre j’ai sous la main et j’adapte le châssis à la vitre. C’est le plus simple en cas de récup.
Les alternatives
Si vous ne disposez pas de fumier près de chez vous, il est possible de le remplacer par du BRF. Le BRF va lui aussi chauffer en se décomposant et vous donnera les mêmes résultats que le fumier. Le choix se fera donc en fonction de vos possibilités d’approvisionnement.
Points de vigilance
L’inconvénient d’une couche chaude c’est qu’il faut veiller à ce que la température ne monte pas trop pour ne pas griller les plants. Outre le coup de feu, il faut aérer en ouvrant le châssis dès que le soleil brille car dans un espace si petit, la température monte très très vite.
Il peut aussi être utile de couvrir le châssis avec un vieux tapis, de la moquette, ou tout ce que vous avez sous la main pour les nuits les plus froides.
La surveillance est donc quotidienne mais si vous prenez soin de vos légumes, vous aurez la joie de les déguster à une période de l’année où les étales sont encore vides (ou alors avec des produits qui viennent de loin ou qui ont poussé sous serre chauffée).
Pourquoi ma couche chaude ne chauffe pas ?
Le principe de la couche chaude étant un peu technique, il est possible que ça ne chauffe pas bien dans certains cas. Voici les leçons que j’ai retiré de mes propres échecs :
- Le fumier doit être bien frais
- Il faut bien arroser la couche chaude au démarrage et ne pas hésiter à continuer un bon arrosage une fois les légumes plantés
- Le volume doit être suffisamment important pour bien chauffer
- Le fumier doit contenir des matières carbonées (souvent de la paille) pour équilibrer le mélange et permettre à l’oxygène de pénétrer dans le tas.
Alors, la création de couches chaudes vous tente ? Il n’y a plus qu’à se lancer. N’hésitez pas à partager avec nous vos réussites et vos échecs.
18 commentaires
Gross
Bonjour,
Pas de problème avec la structurecenbotte de paille par rapport à la chauffe du fumier?
Merci
Thomas - Au refuge des graines
Bonjour,
Non je n’ai pas eu de souci avec la structure en bottes de paille par rapport à la chauffe du fumier. Le principal inconvénient des bottes de paille c’est qu’elles sont larges et qu’on peut difficilement les empiler pour créer une couche chaude plus haute. Mais la paille isole bien du froid en contrepartie. J’ai construis 2 châssis en bois que j’utilise tous les ans pour des couches chaudes plus grandes.
Bonne journée,
Thomas
Hoblingre
Bonjour’
Est-ce qu’on remplacer le brf par des copeaux de bois de sapin ? J’ai une scierie à côté de chez moi. Merci
Thomas - Au refuge des graines
Bonjour Marie,
Je ne pense pas qu’on puisse car les copeaux de bois sont en général très fin mais surtout le bois est sec en scierie donc ne fermentera pas. Vous pouvez en utiliser un peu en paillage en fine couche et avec d’autres matériaux qui contiennent de l’azote (tonte, déchets de cuisine…). Sinon c’est parfait pour les toilettes sèches 😀.
Bonne journée,
Thomas
roch beauchemin
J’adore votre site et tout vos articles.
Cette année j’ai consruit de couches froides car ici le climat du Qébec est froid.
Ces boites me permettent tôt au printemps des salades, radis….
On les appelles des couches froide car ps e fumier pour chauffer la boîte.
Thomas - Au refuge des graines
Merci pour votre sympathique retour.
A quelle période avez-vous démarré vos couches froides ? Est-ce que c’est pareil que ce qu’on appelle un châssis froid ou est-ce que vous avez une technique alternative ?
Jean-Louis
Bonjour,
Deuxième année que j’essaie de faire une couche chose mais ça ne chauffe pas. Je ne comprends pas pourquoi. Il me semble avoir bien suivi les conseils trouvés sur plusieurs sites ou vidéos (fumier frais de cheval, arrosage, tasser, …).
Je voulais utiliser cette chaleur pour tenir ma serre (8 m2) hors gel.
Si vous avez des conseils, des astuces….
Merci
Thomas - Au refuge des graines
Bonjour Jean-Louis,
Ce qui est important dans la couche chaude c’est d’avoir un bon mélange entre le fumier frais et un matière carbonée. La paille est idéale car elle aère bien le mélange et stocke l’eau. Il est aussi intéressant d’avoir un volume minimum (je fais un tas d’un mètre de haut mais vous pouvez vous limiter à 60cm, c’est déjà bien) car la chauffe se fait au coeur du tas.
En espérant que ça vous aide à faire chauffer votre couche chaude.
Bonne journée
Thomas
Lago serge
J’ai mis 60cm de fumier de cheval 20cm de coupe de gazon et j’ai mis une bache ça chauffe pas.
Si je mets un engrais gazon pour avoir de l’azote vas t’il chauffe mon fumier
Merci
Thomas - Au refuge des graines
Bonjour,
Dans ce que vous décrivez, il y a beaucoup d’azote et peu de carbone (sauf si le fumier est bien pailleux). La tonte de gazon en couche épaisse (20cm) fermente et étouffe tout, il faut mieux la mélanger en petite quantité et surtout ramener du carbone (feuilles mortes, bois broyé, paille…) dans votre mélange.
Leroy
Bonjour et merci pour votre explication de la couche chaude : elle me donne des raisons de mon échec de l’an dernier avec du crottin d’âne pourtant bon pour cet usage.
Pouvez-vous me dire quelles sont les dimensions au sol de vos couches chaudes pour me donner une idée ? Je crois que j’ai vu trop petit…
Merci
Marie ( de Bretagne)
Thomas - Au refuge des graines
Bonjour Marie,
Ma couche chaude fait 160cm x 80cm parce que j’avais récupéré des vitrages de cette dimension. En général, j’adapte le châssis au vitrage que je trouve, ça me permet d’avoir du double vitrage, excellent pour retenir la chaleur.
Bonne continuation
Nicolas LAHAYE
Bonsoir Thomas,
quel serait le ratio idéal entre fumier et eau, rapporté à 1m3 de fumier ? À peu près, évidemment.
Merci d’avance pour ta réponse.
Thomas - Au refuge des graines
Bonjour Nicolas,
Je n’ai aucune idée de ce ratio, il faut que le tas soit humide mais non détrempé. En Espagne, je récupère du fumier très sec que je dois compléter en eau, il est plus humide là où je le récupère en France.
Bonne continuation,
Thomas
Sara
Bonjour, j’ai utilisé du crottin purnramassé dans le paddock que j’ai intercalé avec du vieux foin, en couches de quelques centimètres de chaque, sur 60 cm de hauteur. Mais après 12 jours toujours rien… Avez-vous une idée de pourquoi cela ne chauffe pas ?
J’ai arrosé et tassé chaque couche lors de la fabrication et le crottin a moins de 3 semaines.
Merci
Thomas - Au refuge des graines
Bonjour Sara,
Difficile de répondre sans voir le tas. Le foin est moins carboné que la paille, ça pourrait venir de là. Est-ce que vous avez essayé de remuer votre tas pour voir s’il partait en chauffe ? Ou compléter avec plus de foin ou de paille ?
Bonne continuation,
Thomas
Stéphane
Bonjour
J’ai tenté la couche chaude avec du crottin de cheval légèrement pailleux mais ça ne prend pas. Je pensais qu’il était pourtant frais.
J’ai fait une couche d’environ 40cm, arrosée et retournée mais rien ne se passe.
J’ai des toilettes sèches. Est il possible de le réactiver avec l’urine ?
Merci pour vos lumières
Thomas - Au refuge des graines
Bonjour,
Il peut arriver qu’il ne chauffe pas bien. Les soucis que j’ai eu sont surtout dû au manque de carbone ce qui fait que l’oxygène a plus de mal à pénétrer à l’intérieur du tas et la chauffe se fait moins. Vous pouvez le brasser pour le réactiver et compléter avec des feuilles mortes, de la paille ou ce genre de matériaux si vous trouvez qu’il n’y en a pas beaucoup. L’urine peut aider aussi à activer mais si votre fumier est assez frais il doit en contenir déjà. Si vous pensez qu’il est plus vieux vous pouvez essayer l’urine. Pour savoir si le fumier est frais ou non la couleur de la paille est un bon indicateur. Quand je récupère le fumier frais et que les boxs viennent d’être nettoyés, la paille a une couleur d’or, sinon en vieillissant elle grise. J’espère que ça vous aide.
Bonne chance pour relancer tout ça.
Thomas