Arrosage des tomates au potager : comment le réduire au maximum
L’arrosage des tomates, comme pour tous les végétaux du potager, est un point crucial pour obtenir de belles récoltes. Il en faut assez mais pas trop pour que ce soit un succès 🙂. La tomate n’est pas la plus contraignante en terme de besoins en eau, et il est tout à fait possible de réduire son arrosage. Voici quelques clés.
L’arrosage des tomates dépend du climat
Dans certains climats, avec une pluviométrie suffisante et peu de développement de mildiou, l’arrosage des tomates n’est pas nécessaire. Les pieds se débrouillent seuls pour aller chercher l’eau en profondeur dans le sol.
Mais dans la plupart des régions, la réflexion concernant l’arrosage est nécessaire, avec des problématiques qui peuvent être différentes.
Arrosage en climat humide
Dans des climats humides, la culture de la tomate va nécessiter un abri pour éviter que le mildiou ne se développe avant d’avoir pu profiter des récoltes. Dans ce cas, il n’y a pas une goutte d’eau qui peut atteindre le sol où sont plantés les pieds de tomates. L’enjeu est donc de stocker l’eau de pluie pour pouvoir en faire bénéficier les cultures.
L’idéal est de mettre en place un arrosage simple et qui ne nécessite pas d’électricité comme la récupération de l’eau de l’abri en lui-même via une gouttière qui va arroser les plants de tomates au pied à l’aide d’un vieux tuyau percé. Dans ce cas de figure, toute l’eau qui aurait dû humidifier le sol de la planche de tomates, sera disponible pour les plantes.
Un système plus complexe de récupération d’eau et d’arrosage via une pompe est tout à fait possible, notamment si votre surface de potager est importante mais sachez qu’il nécessite plus de matériel et de maintenance.
Personnellement, je pense qu’il n’est plus envisageable aujourd’hui, à l’heure où l’eau vient à manquer de plus en plus souvent, de se reposer sur l’eau du réseau pour arroser son jardin. Il faut réfléchir en amont à la meilleure façon de récupérer ce précieux liquide.
Arrosage en climat sec ou lors d’une sécheresse
Dans les climats secs, les problématiques sont bien différentes : il n’y a pas d’eau (ou si peu) qui tombe en été. Il faut donc recourir à d’autres techniques pour l’arrosage des tomates. Et, dans ce cas, rien ne se fait au dernier moment, tout est le fruit d’une réflexion plus complète et qui s’affine d’année en année.
Quelques conseils pour réduire l’arrosage
Voici quelques conseils qui peuvent être mis en place pour éviter que les pieds de tomates ne meurent faute d’eau.
1. Pailler abondamment les pieds de tomates
Le premier conseil peut paraître bateau car tout le monde en parle aujourd’hui : le paillage. Le fait de pailler vos pieds à la plantation des tomates va limiter fortement l’évapotranspiration et donc le besoin en arrosage. On parle quand même d’une diminution de près de moitié de l’arrosage nécessaire !! En plus de protéger les tomates de la sécheresse, le paillage va donner à manger aux micro organismes du sol s’il est organique.
Le seul moment où il faut être vigilant, c’est au printemps si le temps demeure humide. A ce moment-là, les limaces peuvent se mettre à l’abri sous le paillage et se régaler des jeunes plants. Dans ce cas, il peut être intéressant d’enlever le paillage temporairement. Il n’y a plus de souci ensuite quand les plants ont grandi.
2. Enterrer la tige du plant de tomate
La tomate est une plante formidable ! Elle est capable de développer de nouvelles racines sur sa tige si elle est au contact de la terre. C’est une capacité d’adaptation incroyable pour les climats secs.
Pour profiter de cette compétence, il vous suffit donc de supprimer les premières feuilles du plant de tomate et de l’enterrer d’environ 20cm au moment de la plantation. En plus de permettre le développement de nouvelles racines sur la tige, le pied sera suffisamment enterré pour puiser l’eau plus profondément dans le sol. Double bénéfice donc pour peu de travail en plus 👨🌾.
3. Adapter les variétés et faire ses graines de tomates
C’est le conseil qui me semble le plus important de tous car il permet de travailler sur du long terme.
Il faut commencer par récupérer des graines de tomates de variétés reproductibles, c’est à dire non hybrides F1. Cette précision est importante car dans le cas de variétés hybrides F1, ce conseil n’a pas lieu d’être… Il faut donc proscrire de telles variétés.
Une fois que vous avez trouvé vos graines, il faut stimuler les plants de tomates à s’adapter à leur environnement. C’est une capacité extraordinaire du vivant ! Vous n’avez pas beaucoup (ou pas du tout) d’eau en été dans votre région ? Il faut donc choisir les variétés les pieds les plus résistants à ce manque d’eau. Voici comment vous pouvez procéder :
- Plantez au moins 5-6 pieds d’une variété de tomate ciblée (et reproductible donc 😎 ).
- N’arrosez pas vos pieds de tomates sauf au moment de la plantation.💧
- Observez les pieds qui résistent le mieux à ces conditions extrêmes et repérez les.
- Quand les pieds les plus résistants arrivent à faire mûrir une tomate, récoltez la et conservez précieusement les graines : c’est de l’or. 🍅
- Semez les graines ainsi récoltées l’année suivante et recommencez le protocole.
Avec cette méthode, vous ne mangerez quasiment rien sur ces pieds la 1ère année mais vous allez vous rendre compte que d’année en année les plants s’adaptent à ces conditions. Ces graines de tomates seront les plus adaptées à votre contexte. Inutile d’en acheter, vous n’aurez pas de meilleur rendement sur le long terme.
Pour rentrer un peu dans le détail, les graines contiennent des informations destinées à la descendance (des tomates dans ce cas) grâce à l’épigénétique. Certaines de ces informations sont le fruit des conditions climatiques et de culture de la plante. Le pied de tomate est donc capable « de communiquer » à sa descendance un épisode de sécheresse, un type de sol…
Ce phénomène explique donc pourquoi Pascal Poot arrive à faire pousser des tomates sans eau dans le sud de la France. C’est un travail de sélection qui amène les plantes à s’adapter. On peut aussi adapter ce raisonnement à la résistance au mildiou par exemple.
Faire ses graines, c’est donc le meilleur moyen d’obtenir de belles récoltes sans trop de soins 🙏.
4. Stocker un maximum d’eau lorsqu’il pleut
Ce dernier conseil paraît plus évident mais n’est pas encore assez mis en place. Il s’agit de stocker l’eau qui tombe naturellement lors des épisodes pluvieux mais aussi au printemps et en automne pour l’avoir à disposition à la saison sèche.🌧
On pense tout de suite à une cuve, mais on peut aussi envisager de stocker de l’eau dans une mare, ce qui a pour effet de créer une zone humide favorable à la biodiversité.
En conclusion, peut-on diminuer l’arrosage des tomates ?
La réponse est bien évidemment oui, que ce soit à l’aide de paillage ou en enterrant les pieds de tomates.
Mais le plus intéressant à mon avis est de travailler sur la sélection de graines adaptées à chaque région et qui emmagasinent les informations climatiques d’une année sur l’autre. Quel beau patrimoine génétique pour la variété de tomates ! Alors bon semis de tomates à tous 🙂
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